Je souffre depuis que l’amour m’a aveuglée
Mais refuse le secours que m’envoie ma pensée.
Mon cerveau s’époumone, ma raison crie, je crois,
Mais je n’écoute pas, je ne les entends pas ;
Leurs hurlements aphones me tracent la voie à suivre
– J’accumule les erreurs et m’empêche de vivre –
Je voudrais être une grenouille
Au corps vert, gris, roux ou bien brun,
Les yeux couleur d’or ou de rouille,
Petit batracien anodin.
Une grenouille d’Australie,
De cette île où il fait si chaud ;
De cette île où tu es partie ;
Ce grand pays entouré d’eau.
Et tous les jours te regarder,
Et être auprès de toi sans cesse,
Perpétuellement à tes côtés,
Et veiller sur toi, ma princesse.
L’espoir fait vivre – on me l’a dit ;
C’est vrai qu’il fait battre mon cœur
Avec une impétueuse ardeur…
L’espoir me maintient-il en vie ?
L’espoir s’en vient, l’espoir s’en va,
Souvent je pleure, parfois je ris,
Peu à peu, mon sourire faiblit
Et m’envahit le désarroi.
Mais un jour l’espoir est banni.
Plus grande était la confiance,
Plus forte est la désespérance
– Et l’espoir ainsi me détruit.
Fable
Un beau jour qu’il se promenait
Dans les prés, les bois et les champs,
Le chien de Dame Corinne croisa un chien méchant
Qui depuis quelque temps de derrière un bosquet
Le surveillait; la bête enragée le mordit
Le pauvre chien, las ! Contracta la maladie.
Il rentra la queue basse jusques à son logis ;
Sa maîtresse le vit, et fronça les sourcils :
« Mauvais sujet, tu es sorti sans mon accord
Tu vois, tu as eu tort :
Tu t’es fait malmener. »
L’état du pauvre chien commença d’empirer
La fièvre le rongeait, et sa gorge embrasée
Le faisait tant et tant souffrir
Qu’il ne pouvait plus avaler
Il se coucha, comprenant qu’il allait mourir,
Souffrant, pourtant résigné, et déterminé
À mourir dans le calme et la tranquillité.
Malheureusement la femme de son logis
Sur la question était d’un autre avis ;
Elle prépara donc nombre pansements,
Bandages, cataplasmes, baumes calmants
Et tout l’après midi et toute la soirée
Sans relâche s’acharna sur le canidé
Faisant de son agonie un enfer.
Il souffrait sans pouvoir rien faire ;
Un jour étranglé par une compresse
Il eut la hardiesse – ou la maladresse
De laisser s’échapper
De sa gorge étranglée
Un grognement voilé de rage et de douleur.
Dame Corinne fâchée et pleine de rancœur
S’en alla aussitôt se plaindre à son époux :
« L’animal a grogné, m’a menacée, et vous
Vous restez coi, ne dites mot, ne faites rien ?
Allez donc vitement rouer de coups ce chien ! »
Le mari maltraité aussi fut fort marri
Il avait recueilli l’animal tout petit
Et depuis cette époque un attachement profond
Liait l’animal fidèle et son maître si bon.
En outre connaissant son épouse, il pensait
Que l’animal, tant maltraité,
N’avait pas été bien mauvais,
N’ayant pas mordu mais grogné.
Tout cela il le dit
À sa femme trop chérie
Hélas, sa bienveillante sagesse ne récolta
Que des injures, elle le nomma même « scélérat »
Et se plaignit bien haut de son indifférence
Alors qu’elle-même n’avait pour lui que déférence
Elle le réprimanda ainsi pendant des heures
Puis, ayant apaisé sa colère et sa peur,
S’en alla à nouveau martyriser son chien
Qui malgré sa douleur cette fois se garda bien
De faire paraître un croc
Pour ne pas faire gronder
Son maître tant aimé
Qui par amour à sa femme se soumettait trop
Il se résigna donc à mourir en souffrance
Et malgré sa douleur garda calme et silence.
Son maître de le voir harcelé, tourmenté
Par son épouse pleine de bonnes intentions
Et craignant les complications
De la fureur de sa moitié
Compatissant
Mais impuissant
Se résigna à voir son animal fidèle
Souffrir stoïquement pour calmer la querelle.
Mesdames, vous qui êtes pleines de bonnes intentions
Sachez que vos traitements et vos attentions
Peuvent ne pas guérir mais blesser davantage
Un animal meurtri qui redevient sauvage :
En l’étouffant, vous grandissez ses maux.
Lors s’il vous grogne, n’en faites pas un crime,
Et n’allez pas partout crier bien haut
Que dans l’histoire vous êtes la victime.
Amour en six jours – fiction
Lundi dans le couloir, elle L’a vu – qu’Il est beau !
Puis ils se sont croisés et Il l’a regardée
D’un air qui pour longtemps à troublé son repos ;
Pourtant sa « dulcinée » était juste à côté.
Mardi, Il était seul lorsqu’elle L’a revu,
Elle sortait d’une salle, Il entrait, l’a frôlée,
Et Il lui a souri, et puis a disparu,
– Un sourire rayonnant qui son cœur a volé –
Mercredi, timidement, Il s’est approché d’elle,
Et lui a demandé si elle voudrait, jeudi,
Ses yeux semblant jurer un amour éternel,
Passer une soirée avec Lui – entre amis.
Jeudi, ils se sont vus, et se sont promenés,
Il s’est montré charmant, charmeur, attentionné ;
Et en fin de soirée lorsqu’Il l’a ramenée,
Il l’a prise dans Ses bras et puis l’a embrassée.
Vendredi chaque seconde elle a pensé à Lui,
Ils se sont retrouvés aux pauses entre les cours
Et sont restés ensemble jusqu’à ce que tombe la nuit ;
A l’oreille Il lui a murmuré des « toujours »…
Samedi, jour d’amour et de félicité,
Nuit aussi, de tendresse et folle passion
Trop vite venue pour elle mais à son adoré,
A l’homme dont on est folle, que refuserait-on ?
Le dimanche, dans ses bras, elle l’a passé entier.
Elles ont filé en un instant toutes ces heures
De tendresse brûlante, de passion effrénée
Durant lesquelles elle a effleuré le bonheur.
Le lendemain, lundi, entre deux heures de cours
Elle plongeait dans Ses bras et allait L’embrassant ;
Lui demandait encore des témoignages d’amour
Mais Le sentait soudain éloigné et distant.
Mardi, Il l’a quittée, elle ne Lui plaisait plus.
Trop d’amour, d’après Lui l’avait lassé, fait fuir ;
Il a semé en elle un chagrin absolu,
Avec un cœur brisé et l’envie de mourir.
Mon cœur qui bat plus fort lorsque j’entends ta voix,
Lorsque j’entends ton nom, lorsque je pense à toi,
Mon cœur qui t’aime enfin, je veux le lacérer ;
Et mes yeux qui te pleurent, je compte les crever.
Ma bouche qui tant de fois t’a parlé tendrement
Je la découperai. J’arracherai ces dents
Qui aiment tant te mordre et ne le pourront plus
– De douleur un instant mon corps sera perclus –
Mais je continuerai cet affolant massacre
Malgré les jets d’un sang dans ma bouche si âcre :
Toute ma peau qu’amoureusement tu caressais
Elle me brûle à présent, je la déchirerai.
Avril – et il fait beau. Et la nature renaît.
Les bois à ma fenêtre sont d’un vert frais, croquant :
Les chênes sont parés d’un feuillage transparent,
Tout est vert à l’entour, arbres, champs ou bosquets.
Tout est vert, même le ciel constitué de feuillage ;
Lumineux, éclatant, vif ou bien ténébreux
Le vert, omniprésent, a envahi mes yeux
Et s’écoule, pétillant, à travers les branchages.
Le vert, couleur de vie toujours renouvelée,
M’endort et puis m’enivre et m’électrise aussi ;
Mais au loin dans cette unicolore harmonie,
Roses ou blancs, éthérés, détonnent les cerisiers.
J’ai cru, à une époque, que je pouvais l’aider,
J’ai cru que ses blessures, son chagrin, sa douleur,
Allaient être amoindries par mon aimante ardeur,
Et qu’il serait heureux de me voir tant l’aimer.
De ce naïf espoir, il m’a vite détrompée
Accablé de tourments, il ne supportait plus
Près de lui la présence d’aucun individu :
De lui rendre sa solitude, il m’a priée.
J’aurais tout fait pour lui, alors je suis partie
– Puisque le seul bienfait que je pouvais donner
A l’homme que j’aimais était de m’éloigner –
Mon bonheur dans la tombe déjà enseveli.
J’aurais tout fait pour lui, mais lui ne voulait rien
D’abord à ses côtés puis loin, si loin, chez moi,
Impuissante, je voyais grandir son désarroi,
Et mourir son amour, déjà sur le déclin.
Il voulait être seul et j’étais désarmée
Devant la double mort qui s’offrait à mes yeux
Les morts de son amour et son sourire radieux.
Il voulait être seul et un jour m’a quittée.
Mes pleurs n’ont rien changé et j’étais impuissante
Mais il était si tendre : j’ai cru à son retour
Je n’ai pas voulu voir la mort de notre amour
Et je l’ai attendu, amoureuse et patiente.
Il aime, embrasse, une autre fille aujourd’hui
Et je reste, brisée, et n’y pouvant rien faire
Impuissante toujours, désormais comme naguère,
Pleurant, désespérée, alors que lui m’oublie.
Je le revois partout, toujours auprès de moi,
Je suis seule et soudain j’aperçois son visage ;
Hélas, l’instant d’après, il n’est déjà plus là
Et je pleure et je hurle de chagrin et de rage.
J’entends sa voix, aussi, qui m’assure son amour,
Me demande en mariage, me susurre des « toujours »,
Et je l’entends chanter et gémis de douleur,
Brisée par ce doux son qui a ravi mon cœur.
De temps à autre encor, je hume son parfum,
Je crois sentir sa peau que je veux embrasser,
Me souviens de ses yeux et le crois toujours mien ;
Mais de suite il s’enfuit et me laisse éplorée.
Je veux dire merci à une de mes amies
Qui a réanimé en moi l’envie d’écrire,
Mon inspiration que je croyais tarie,
Qui me permet sur le papier de m’épanouir.
Jamais auparavant ça ne m’est arrivé :
Une personne m’a écrit, m’a offert un poème,
Où elle m’a assuré de son amitié,
M’a rappelé que sur terre il y a des gens qui m’aiment.
Une poésie: l’envie d’écrire s’est réveillée.
Grace peut-être à une pointe d’orgueil, de jalousie,
De voir que pour écrire je ne suis pas si douée
D’un coup m’a réveillée : mon weblog, me voici.
http://www.xanga.com/Petiteloutre/583053716/item.html
http://www.xanga.com/Petiteloutre