« Ils soufflent « parricide ! » aussitôt que leurs pas
Les mènent dans les bois dont j’ai fait mon domaine ;
Leur peur les pousse à taire la force de leur haine
Pourtant j’entends toujours les échos de leurs voix.

Oh, je l’ai mérité ; assassin ! Fils pervers !
Plutôt que de céder à ma fureur cupide,
Que ne me suis-je pas élancé dans le vide
Quand j’ai eu sous les yeux le trésor de mon père ?

Depuis je gîte seul, allongé sur mon or ;
Sitôt que je m’éloigne pour me désaltérer
L’angoisse m’envahit d’en être séparé
Et je reviens en hâte le couvrir de mon corps.

Le brame du vieux cerf qui annonce la nuit,
La brise dans les pins, les parfums de l’automne,
La chaleur du soleil qui sur les rocs rayonne,
Ces plaisirs sont perdus pour mon cœur assombri.

Je voudrais m’endormir en ma tanière obscure :
Le temps est triste et long ; ces regrets obsédants
Attisent sans répit mon perpétuel tourment »
Ainsi rêvait Fafnir en attendant Sigurd.