Le vent, dedans la ville, ne fait que déplacer
Des feuilles, des déchets, la poussière, des papiers ;
Hélas, dans ma campagne, cet air mouvant est doux –
Doux même lorsqu’il est fort, et il embellit tout :

Qu’il soit brise ou tempête, sa gifle ou sa caresse
Frôle les jeunes feuilles, agite ou bien abaisse
Les majestueuses cimes des grands arbres altiers,
Et créé des merveilles parmi les champs de blé.

Lorsque sous une pluie fine et douce de printemps
Attirée au-dehors par le soleil présent
Je suis sortie et ai marché, pour respirer
Dans le ciel se trouvait, simple et de toute beauté

Un arc-en-ciel. Une arcade violette, d’abord,
Le premier de cette arche, courbe multicolore…
Couleur profonde, pourtant légère et évoquant
Les sous-bois pleins de cilles d’un parme éblouissant.

Le rose venait ensuite, apportant avec lui
Des pâles roses de mai l’élégant coloris
Lorsque sur un bosquet de trop d’épines pourvu
On se penche et respire l’effluve, hélas, ténu.

Puis le rouge et l’orange dominaient, étincelants
Evoquant à eux deux du soleil se couchant
Les teintes fières et superbes, sanglantes, presque irréelles…
Et le printemps entier habitait l’arc-en-ciel.

Voici le mois de mai qui nous est arrivé ;
Mais le soleil pourtant souvent laisse la place
À la pluie et au vent, qui nous lassent et nous glacent
Et nous font désirer la chaleur de l’été…

Et pourquoi ? Quelle erreur ! Car la pluie au printemps
Fait rejaillir une fois tombée tout un bouquet
De fragrances fugaces, de doux parfums discrets,
D’arômes éphémères, bouleversants, enivrants…

Quoi de plus doux que ces parfums qui rejaillissent ?
Qui envahissent l’être en entier et le font libre
Lorsqu’un instant grâce à ses sens, il se sent vivre
Et se trouve plongé dans une mer de délices ?

Je suis heureuse, bien sûr, si t’es heureuse, ‘tite sœur,
Je t’adore, jolie miss, et je veux ton bonheur ;
Et pourtant, insidieuse, une sournoise peur
Pénètre et envahis les tréfonds de mon cœur

Lorsque j’entends ce mot de tes lèvres chéries :
« Le mariage », mon ange, est une cérémonie
Qui te tiens dans ses rets pour le reste de ta vie
Lorsque tu t’y décide, ma toute petite Jaci…

Je ne mets pas en doute, ni son intégrité
Ni son charme, son amour, sa beauté, sa bonté ;
Mais toute petite fille, les hommes m’ont blessée
Et d’être inquiète pour toi, je ne peux m’empêcher.

Ma réserve de larmes à présent s’est tarie
Je suis trop épuisée pour pleurer, maintenant.
J’ai découvert des choses, à l’approche du printemps
Qui me blessent et me peinent et puis me donnent envie
De pleurer, de ne pas m’arrêter de pleurer…
La communauté mâle est un ensemble immonde
En qui perpétuellement une sourde envie gronde :
C’est celle de baiser, l’un d’eux me l’a avoué.

Ceci évidemment
Tout en me regardant
D’un air concupiscent.

Internet, et les blogs, ne m’ont jamais tentée :
C’est déjà éprouvant de me montrer aimable
Face à des tas de gens qui me croient sociable :
Quand je sors de chez moi, je dois dissimuler.

Mon coeur de misanthrope avait donc décidé
De ne jamais céder à cette nouvelle vogue,
Ce phénomène récent – trop social – qu’est le blog…
Mais ce coeur, par amour, aujourd’hui a cédé.

Par amour pour ma soeur, pour ma meilleure amie
Qui m’a créé ce truc, juste pour que je puisse faire
Sur son « Xanga » – bizarre – deux ou trois commentaires:
Que ne ferais-je donc pas pour ma jolie Jaci?

Voici venir trop vite la fin de cette année
Les devoirs pleuvent sur moi, et je suis submergée
Par tant de dossiers, d’études linéaires,
De dissertations et puis de commentaires.

Tout ce travail me noie, que je n’arrive à faire.
Et puis que m’intéressent La Fontaine ou Voltaire ?
À présent je ne veux plus que me reposer…
Mais pourquoi donc en lettres me suis-je fourvoyée ?