En terre de désespoir, le temps ne s’écoule plus
Les jours sont infinis tant chaque instant est long;
Secondes, minutes et heures et jours sont inféconds
Car tout entiers baignés dans une détresse aigue.

Qu’il fasse clair ou nuit noire, l’affliction me ronge
De l’aube au crépuscule, chaque parole, chaque couleur
Me fait penser à lui et me brise le coeur.
Du crépuscule à l’aube, je le pleure dans mes songes.

Ville, que tu es belle lors des matins d’automne:
Le gris du ciel rehausse le béton de tes os!
Et ta laideur s’estompe dans ce terne monotone;
L’obscurité mourante dissimule tes défauts.

Les samedis d’automne, Le matin de surcroît,
Regardant le ciel gris, chacun reste chez soi.
Les rues sont lors désertes, on se croit rescapé
D’un fléau qui aurait occis l’humanité.

Ville! Tu es belle quand tu es vide!

Petite fille, jolie soeur, tu sais, je t’aimais tant!
Tu étais ma princesse, mon ange, mon égérie,
Lorsque je te voyais, j’etais toute éblouie
Par tes perfections et ton charme innocent.

Las, à mon âme aimante, on t’a tôt arrachée
Et ton absence souvent me mettait presque en pleurs
Cependant tu restais tout au fond de mon coeur;
Autour de toi jeune fille voltigeait ma pensée.

Et nous nous écrivions; Parfois meme – Oh bonheur!
Nous nous parlions ou nous voyions : suprême joie!
Mais ces moments ont fui ou j’étais près de toi
Et mon coeur peu à peu s’est empli de langueur.

Ange! Tu m’avais appris ce qu’etait l’amitié
Et l’amour pour les êtres qui vivent autour de moi
Et dans mon coeur blessé et asséché et froid
Tu as remis la vie en n’etant que bonté

Et innocence, ma soeur, tu m’as rendu la foi!
La foi en mon prochain et en l’humanité
Et l’amour fraternel que tu m’as temoigné
M’a amené enfin à pouvoir m’aimer moi.

Tu m’as donné tout ça; je devenais amour
Moi qui n’avais été que haine et que souffrance!
Je sentais pas à pas fondre ma defiance
J’aurai voulu que cet état dure toujours;

Mais il y à quelque temps, mon coeur s’est refroidit.
Je l’ai soudain senti frais, puis froid, puis gelé…
Serait-il à présent à tout jamais glacé?
Tous mes beaux sentiments peu à peu sont partis.

Ca s’est fait pas à pas. Tous m’ennuie, tout m’agace,
Tout m’est indifférent, ce qui m’entoure et même
Les témoignages d’amour que m’offrent ceux que j’aime
Ne réussissent plus à calmer mes angoisses.

Tu sais, je t’aimais tant, petite fille, jolie fleur,
Toi qui as consolé mon âme endolorie;
Mais tes bienfaits sont morts lorsque tu es partie
Car l’amour à présent s’est enfui de mon coeur.

Je t’aimais tant! Et je le sais, je t’aime encore
Mais l’amour est voilé et j’ai peine à le voir.
Ou s’est-il abrité? Je ne sais plus que croire,
Car ou s’est-il caché, lorsque mon coeur est mort?

Je vis tel un cadavre, au secours, petite soeur!
Tout n’est plus que douleur car je me fais horreur.
Tu m’as donne la vie, viens me ressuciter,
J’ai besoin de toi pour réapprendre à aimer.

Un océan de pleurs s’est logé en mon sein
Il inonde ma poitrine, l’étouffe sous son poids,
Puis remonte a ma gorge nouée par le chagrin ;
Mon corps tremble de froid et brûle tout à la fois.

La douleur qui m’étreint et qui m’a toute emplie,
Je n’en connais la cause ; mon être tourmenté
Est fui par le sommeil : la tristesse ennemie
S’acharne sur les plaies de mon âme accablée.

J’apprécie le silence, le calme, la solitude,
Et en vingt ans de vie, j’ai vite pris l’habitude
De rechercher la paix et la tranquillité
Qui m’apportent la joie et la sérénité.

Las ! Ce soir ce silence, ce calme, que j’aimais tant
Laisse résonner en moi un vide lancinant :
La solitude se fait cruelle et me déchire,
Un nom sans cesse revient parmi tous mes soupirs…

Raphaël ! tu me manques ! je n’ai plus de nouvelles
Pourquoi donc ce mutisme, déchirant et cruel ?
Je tremble, mon amour, l’obsession tourne en peur ;
C’est l’angoisse à présent qui domine mon cœur.

Je ne trouve plus mes mots ; mon esprit est vidé.
La torpeur m’envahit : ma carcasse alanguie
Est exsangue et étouffe, et mon corps épuisé
Succombe à la chaleur et n’abrite plus la vie.

À chaque pas que je fais – Oh ! Douloureux effort !
Une prison m’enserre, et je suis harassée ;
Aspirant l’air brûlant, je crois humer la mort
Je souffre, je défaille, je succombe : c’est l’été !

J’aimerais partir pour t’arracher à tout ça :
J’ai si peur de te perdre ! Je sais… Je devrais pas…
T’enlever, t’emmener, te garder près de moi,
Dans ma tête, je m’inquiète, la tristesse y fait loi :

Ma Jacinthe, tu es loin, et tout le monde change,
Toi, moi, comme tous les autres, c’est la vie, petit ange,
Et loin de toi, toujours, j’ai peur d’évoluer
Et de te voir plus tard toi aussi bien changée ;

De ne plus te comprendre, de perdre cette fusion
Qui joignait nos deux âmes en une si belle union.
Nous sommes séparées, et nos discussions rares
Ne me font oublier l’espace qui nous sépare :

Les dialogues hebdomadaires sur Internet
Comblent peu en un an mon âme insatisfaite.
Tu me manques, petite fille ! Je veux te retrouver,
Te sentir avec moi, te gâter, t’embrasser.

C’est égoïste et je le sais petite chérie
Et j’ai honte d’avoir ceci en mon esprit
Mais j’aimerais partir et te prendre avec moi
Pour te redécouvrir, toi, ton sourire, ta voix.

Toute cette journée, j’ai été enfermée,
Et toute la journée – et ce impatiemment –
J’ai attendu de voir la fuite du printemps :
C’est aujourd’hui l’été !

Un jour spécial ; marqué dans le calendrier,
Il semble annoncer le soleil, du ciel bleu,
Les vacances ! Le farniente ! Faire tout ce que l’on veut…
C’est aujourd’hui l’été !

Ce jour particulier sera-t-il annoncé
Par des raies de lumière d’une étincelante beauté ?
Je me hâte de sortir pour les vite admirer ;
C’est aujourd’hui l’été !

Je suis sortie. J’ai vu, alors, désabusée,
Une atmosphère sale, de la pluie, un ciel gris,
Et mon cœur impatient s’est empli de dépit.
C’est aujourd’hui l’été…

J’ai fini mes partiels… je pourrais être heureuse,
Soulagée de la fin d’une année laborieuse;
Espérer – pourquoi pas – des résultats passables,
Me fier à mes devoirs somme toute acceptables

Et puis me reposer. Mais je dois travailler.
Mon concours de demain gâchera ma soirée.
Oui! Travailler encore, et ce pour un oral
Qui quoi que je m’applique se passera très mal.

Je le raterai, de toute façon, pourquoi bosser?
Alors que dès ce soir je pourrais reposer
Mon corps et mon cerveau, las de tant d’attention
Que leur ont imposé tant de dissertations.

Je ne le trouvais plus ; la peur m’a pris au cœur.
Je n’étais plus que peine, terreur, effroi, douleur
Ma jolie boule de poil, Ô mon Bébé Chéri,
Lorsque j’ai craint ta mort, j’ai abhorré la vie.

Mon ravissant amour, être délicieux,
Tout en toi est charmant, enchanteur, gracieux…
Quand tu es revenu, ma douleur s’est calmée
Car ta présence m’enchante, mon Chaton adoré !