J’aurai du m’inquiéter de ce changement subit :
Tu étais si discrète, taciturne, silencieuse,
Toi qui est d’habitude d’une humeur si joyeuse,
Tu te réfugiais dans un calme alangui.
J’aurai du m’inquiéter ! Ne voulais-je rien voir ?
Pour qu’enfin je comprenne, on a du me le dire :
« Ta Jacinthe tant aimée est en train de mourir ;
Vois son visage blême et ses cernes blafards ! »
J’aurai du m’inquiéter bien avant ce moment :
Un seul coup d’œil sur ton visage m’eut renseigné !
Mais d’un autre danger je voulais te sauver…
Me pardonneras-tu, ange aimé et aimant ?
J’aurai du m’inquiéter – j’ai cru devenir folle !
Sans souci du danger, je t’ai prise par la main
Nous avons pris la fuite. Un de ces assassins
T’a visée, a tiré, tu as chu sur le sol.
Il y avait une ambulance ; je t’ai menée
À l’hôpital – Princesse, tu perdais tout ton sang
Et ta vie s’enfuyait plus vite encore qu’avant –
Tu n’étais plus consciente, avais-tu succombé ?
Lorsque j’en suis sortie, l’ambulance s’est fermée.
Je te voyais par la fenêtre, évanouie,
Mourante, et ni mes pleurs ni mes coups ni mes cris
N’ont forcé à s’ouvrir cette porte damnée.
Je me suis réveillée… Petit ange parfait,
L’idée de te faillir me fait frémir d’effroi ;
Si un jour tu vas mal, aussitôt dis-le moi :
Je ferai tout pour t’aider, je te le promets.