Un groupe de jeunes hommes s’est posé près de moi,
Assis ensemble, ils parlent, ils rient, ils roulent, ils fument,
Aspirent, expirent ; et le cylindre se consume
Dans lequel sont mêlés herbes, poison, tabac.

Leurs iris d’émeraude, de jais ou de saphir
Ne reposent plus dans des écrins opalins
Mais surnagent à présent dans le lagon malsain
De l’œil qui semble mort à force de rougir.

Dans deux jours, petit ange, tu seras mariée
Et cet événement occupe mes pensées
Je pense à toi, toujours, princesse de mon cœur,
Rêve que dans cette union tu trouves le bonheur.

Ne m’oubliera-tu pas ? Je t’aime tant, princesse !
Et ton éloignement m’accable de détresse
Chérissant ton époux, aimée de ton mari,
Ne laisse pas s’emparer de toi l’amnésie ;

Lorsque dans quelques jours, lorsque dans quelques heures,
Il sera à ton bras, sous une pluie de fleurs,
Je penserai à toi, mon cœur gonflé d’amour,
Pour la meilleure amie que tu seras toujours…

Je penserai à toi, ce jour-là et les autres,
Au bonheur sans mélange qui j’espère sera vôtre,
Qu’importe la distance qui nous a séparées
Je serai pour toujours près de toi en pensée.

Quand tu ne formeras avec Chris qu’un seul être,
Ne laisse pas l’oubli s’insinuer en traître
Pour ne laisser de moi qu’un reflet pâle et blême
Car alors je perdrais le meilleur de moi-même.

Tu t’es mariée aujourd’hui,
Je pense à Toi, je pense à Lui,
Et du plus profond de mon cœur
Vous souhaite plus de bonheur
Que vous n’en pourrez consommer
De toute une vie d’épousés.

J’aurais voulu, princesse aimée
Prendre une carte, faire un dessin,
Sur laquelle on aurait trouvé
L’image exquise d’un ange brun :

Aux yeux noirs et à la peau mate,
Aux cheveux souples et brillants
Aux mains fines et délicates ;
À la fois parfait et charmant.

J’aurais voulu sur cette esquisse
Joindre une robe de mariée
Sous l’auréole, conciliatrices
De l’Amour et la Sainteté.

J’ai cherché, pour toi mon idole,
Une carte où j’aurai ajouté
Un voile blanc ou une auréole
À l’ange ou à la mariée,

Seulement, j’aurai dû prévoir
– Si haute est ta perfection –
Qu’un croquis n’a pas le pouvoir
D’être toi sans profanation.

Tu seras à jamais, mon ange,
La plus belle des épousées
Et la plus digne de louanges
Des femmes qui ont existé.

Tu seras à jamais ma sœur
Et, tant que durera ma vie,
À chaque seconde en mon coeur
Ma jolie petite chérie.

Je t’imagine, ma chérie
Dans ta trop lointaine Australie
Courir de-ci, de-là, partout,
Pour préparer avec ardeur
Tel un adorable ange chou
Aidée par l’élu de ton cœur
La prochaine cérémonie
Qui vous unira pour la vie.

Je t’imagine, petite aimée
Avec un bouton sur le nez
Toujours exquise, cependant,
Organiser ce témoignage
D’un amour fidèle et ardent
Que sera votre mariage
Et qui dans deux jours aura lié
Vos âmes pour l’éternité.

Je t’imagine, ange mignon,
Pure comme un petit flocon
Vendredi soir, bien entourée
Au milieu de tas d’amies
Dans tout l’éclat de ta beauté,
Pensant à ton futur mari,
Qui enterre sa vie de garçon,
Pense à toi et puis se morfond.

Je t’imagine, ma princesse,
– De mon cœur la jolie déesse –
Jurer ta tendresse et ta foi
À l’homme heureux qui en ce jour
Se tiendra à côté de toi
Et lui assurer ton amour,
Comblée de joie et d’allégresse
En cet instant de douce ivresse.

Le temps est gris, maussade, tout est sombre à l’entour ;
Les horizons sont ternes et souillés de crachin,
Les pâles œillets roses prennent un ton sanguin
Sous la lueur malsaine des nuages lourds.

L’astre du jour est au zénith et la nuit tombe
Sous la chape de plomb qui à voilé le ciel ;
Mais lorsque l’on franchit ce toit immatériel
Lorsque l’on a des nues passé les brusques trombes,

Le Soleil apparaît, les cieux sont d’azur
Et à perte de vue s’étendent les nuées
Qui forment un lumineux horizon velouté ;

Puis le soleil s’enfuit et vient la clarté pure
Des astres qui parsèment l’encre du firmament,
Piquetant les ténèbres de milliers de diamants.

Chatounet, petit Chatounet
Chatounet, je te mangerai…

Je te mangerai la tête
Petite bête
Je dévorerai ton cou
Choupinou
Je grignoterai tes pieds
Mon Bébé

Chatounet, petit Chatounet
Chatounet, je te mangerai…

J’avalerai ton bidon
Mon Chaton
Je vais manger ton p’tit nez
Bien aimé
Et je goberai tes yeux
M’amoureux…

Chatounet, petit Chatounet
Chatounet, je te mangerai.

Un concours, le dernier – un concours en deux jours –
Anglais, dissertation, synthèse de documents,
Je contemple tous ces inconnus qui m’entourent
Et devant mon sujet étouffe un bâillement.

Je me demande encore pourquoi je suis venue :
Je n’ai même pas envie de réussir l’épreuve…
En attendant, pour la forme, je m’évertue
À écrire sur un thème des idées riches et neuves.

Un concours – encore un – le troisième de l’année ;
Je soupire sur ma feuille, pas vraiment motivée.
J’ai déjà fait l’Anglais, quoi que valent mes réponses,
L’épreuve d’informatique, c’est trop dur : j’y renonce !

Je travaille à présent la culture générale,
Cela n’a rien qui puisse remonter mon moral :
Cette vieille chanteuse, qui cela peut-il être ?
Et ce grand noir barbu ? Un ministre, peut-être ?

Je dois dire qui peignit « Les Bourgeois de Calais »
Et définir le rôle, en France, d’un préfet.
J’ai inventé déjà en un moment de stress
Les états qui formaient, hier, l’URSS,

Et j’ai mis au hasard – Merci, Rubrique-à-Brac –
Comme personnage célèbre, un nom : Newton Isaac.
Hélas, bientôt poindra la vraie épreuve – horreur !
Car la dissertation est pour dans quelques heures.

Jolie petite boule, peluche blanche aimée,
Lorsque tu m’aperçois, tes yeux se font plus doux
Et dans ma direction tu commences à marcher
Pour recevoir sur ton nez soyeux un bisou.

Quand ton mignon menton frémit sous mes caresses,
Tes rigides vibrisses tremblent et frôlent mon bras ;
Tu cherches mes étreintes, toute emplie de tendresse,
Et puis te figes, en proie à un bonheur béat.

De dix ans mon aînée, tu restes mon enfant
Mais ton souffle se fait de plus en plus ténu ;
Sous ton poids, tes jarrets sont à présent tremblants :
Descendre au bas du pré est un effort ardu.

Depuis mon plus jeune âge, tu es auprès de moi
Année après année, je ne t’ai vu vieillir ;
J’ouvre aujourd’hui les yeux, à mon grand désarroi,
Et je comprends qu’un jour, il te faudra mourir.