Author: Soune

Je pars aujourd’hui
– Séparation cruelle –
Adieu mon beau pays,
France aux parfums pastel,
À bientôt, ma patrie !

Une voiture rouge
À voulu m’écraser ;
Une tonne qui bouge
Cela peut abîmer
Un tout petit vélo.
La force accumulée
M’eût menée au tombeau
Si point n’avais sauté
Dans le champ à côté.
… Quel connard d’enculé.

Il pleut, il mouille,
C’est la fête à la grenouille –

Les lourdes gouttes tombent au sable surchauffé :
Un millier de cratères apparaissent soudain
C’est alors que survient le singulier parfum,
L’incomparable effluve, des ondées de l’été.

– Il pleut, il mouille,
C’est la fête à la grenouille –

Les herbes se redressent, l’arbre étend sa ramée,
Le vert réapparaît quand flue la poussière
Et la nuance ambrée des larmes de lumière
Changent les alentours en pays enchanté.

– Il pleut, il mouille,
C’est la fête à la grenouille –

Je reçois, immobile, les flots de l’empyrée ;
Ils s’approprient ma peau puis s’éclipsent et me laissent
Les vestiges brillants de leurs douces caresses
Que le zéphyr aimant s’emploie à effacer.

– Il pleut, il mouille,
C’est la fête à la grenouille –

Paris, Paris partout. Les tours de Notre-Dame
Depuis mon arrivée vingt fois m’ont visitée,
Et leurs allusions agressent et puis enflamment
Mon coeur qui en un an n’a pas su oublier
Un amour sans retour pour qui l’a délaissé.

Paris et Notre-Dame, flâneries sur la seine
Qui signent le départ des baisers citadins
– Amours superficielles, chatoyantes et vaines,
Papillons de passion qui tomberont demain
Pour n’avoir pas pensé leur éternel refrain. –

Mais moi je suis blessée pour y avoir trop cru
Aux doux mots que sa bouche me répétait sans cesse
Et j’ai baissé les armes lorsqu’il m’a défendu
De douter en l’aimant de ses mots de tendresse…
Comment ais-je pu croire en ses fausses promesses ?

Son nom souille mes lèvres qu’il a empoisonnées
Cent fois pour un seul jour, un souffle : « Raphaël »
Meurtrit mon ouie lassée de l’intrus murmuré
Citadin éphémère, lâche autant qu’infidèle
Pour qui le mot « toujours » appelait le ponctuel.

La rage bout en moi : vienne l’indifférence !
Et que l’autel brûlant d’amour et de douleur
S’érode en ne laissant que mépris et défiance
Pour l’homme qui par deux fois a dévasté mon coeur,
Qui fut de mes chimères le pâle fossoyeur.

J’ai fait un rêve lumineux :
À Paris, prenant l’avion,
Dans la sérénité des cieux
– Bercée par les vibrations –
J’entrai dans un sommeil profond.

Une douce chimère alors
S’est emparée de mon esprit ;
Volant, je rattrapai l’aurore
Après un périple infini
Et me posais en Australie…

Et je te retrouvais, Princesse !
Sans cesse pendue à ton bras
Je recouvrais la tendre liesse
De notre année morte, là-bas,
En France – juste toi et moi.

Mais là, un bruit est survenu
Qui m’ôta à mes rêveries :
Le son grinçant, encore confus :
L’hydre de fer qui atterrit
Et je m’éveillai à Paris.

Ô toi, l’oiseau chagrin, au chant d’âme brisée,
Chaque soir retentit ton cri désespéré ;
Dans les rues assombries, face au soleil qui meurt,
Invisible tu geins et me glaces le cœur :
Sous ton sanglot vibrant, je ne peux que trembler.

Que t’a-t-on fait subir pour que quand vient la nuit
Tu clames sans relâche tant de mélancolie ?
Dans la tendre fraîcheur d’un beau jour qui s’achève
Frémissant solitaire, ton pleur perlé s’élève
Et l’enfant qui l’entend s’en trouve tout transi.

Je pourrais t’écouter me dire ta blessure
Pendant des heures durant sous le doux clair-obscur
De l’astre qui se noie, dont les derniers rayons
Se reflètent aux étoiles, infinis corindons,
Tant est beau le touchant son de ta déchirure !

Il me regarde et je lui dis :

« Je t’aime, Ô mâle de ma vie,
« Le temps passé en ta présence
« S’enfuit en une tendre transe ;
« Ton doux regard me réduit
« En serve le jour et la nuit :

« Devant ton oeil énamouré
« Se fond toute ma volonté

« Et lorsque, câlin, tu m’effleures,
« Fragilement dominateur,
« De ta toison comme velours,
« Mon épiderme te savoure…
« Le sais-tu, combien je t’adore ?
»

Ronronnant, il clôt ses yeux d’or.

Tu vas voir, mon bel ange, dans trois semaines – ou presque
J’atterrirai chez toi le cœur empli de joie
T’admirerai ma puce, te prendrai dans mes bras,
Et puis crierai ma joie en grands sauts grenouillesques

– Oui, dans l’aéroport !

Tu vas voir, ‘tite choute, tous nos beaux souvenirs
Pendant ces quinze jours, nous les retrouverons,
Nos balades et fous rires ; et le bonheur profond
D’être à nouveau tout près nous fera resplendir

– En nos communs transports !

Je recommencerai à te dire, dictature !
Sur tes jolis cheveux de placer un chapeau
Et puis de recouvrir tes épaules et ton dos
De lin pour éviter du soleil la morsure

– Qui blesserait ton corps !

Tu me trimballeras en campagne ou en ville
Pour être à ton désir ta sœur ou ton témoin,
Nous ferons à ta guise plein de trucs ou bien rien :
Qu’importe puisqu’avec toi, toujours moi je jubile

– Princesse que j’adore !

Et quand je partirai toute pleine de peine
Dans cet oiseau d’acier, mes yeux soudain brillants,
Je me soutiendrai pensant que dans un an
Moins, peut-être, qui sait ? Nous allons jolie reine

– Nous retrouver encore !

Dans un mois ma princesse pour enfin te rejoindre,
J’avancerai muette, sans pleurs et sans me plaindre
Au ventre du dragon,
Pieuse immolation,
Qui en un autre monde me mènera t’atteindre.

Pour, dans un mois mon ange, enfin te retrouver,
Je me revêtirai de mes ailes d’acier
Aux plumes vrombissantes
Que l’aurore ensanglante
Et je m’envolerai aux nuages glacés.

Bientôt, mon mignon cœur, je ferai mon bagage
Pour débuter enfin ce doux pèlerinage
Et, dépassant la nuit,
Toucher à l’Australie
Pour avoir le bonheur de revoir ton visage.

Gzie & Curly

J’aime la lettre « H » :
Nous nous la partageons ;
Dedans nos deux prénoms,
Muette, elle se cache.

Consonne imprononcée,
Élégante discrète,
Modeste, elle complète
Nos prénoms dénudés.