Pluton que tu es belle, Ô divine patrie !
Quand tes vents de méthane caressent mes écailles
Puis hurlent tendrement, bondissant sur l’émail
Qui tapisse, nacré, les branches de corail
Aux arêtes tranchantes de tes fraîches prairies,
Lorsque ton atmosphère devient rouge de brume
Et porte le parfum de l’azote fruité,
Que tes vapeurs se figent jusque sur ma cornée
Faisant naître le givre, partant, la volupté
De mon œil à mes spores que l’autarcie consume,
Quand je lève les yeux à la lune éternelle,
Le jour d’un pourpre tendre, écarlate sinon,
Qui ébranle mon corps par son attraction
– Mes organes suivant sa lente rotation –
Et marque ma surface d’un hale sensuel,
Je clame ta splendeur et, frissonnant de joie,
J’épouse tes reliefs et tes gouffres graciles,
Si le bonheur me fige, je t’étreins, immobile ;
Alors que tes séismes à l’éternel babil
Me chuchotent en chantant les contes d’autrefois.