Je me perdrai au plus profond des bois maudits
Puis creuserai le sol de mes ongles souillés,
Confierai à l’humus ma carcasse transie
Et le chant des racines gorgera mon esprit,
Les légendes des rocs me seront révélées ;
Je plongerai au plus obscur de l’océan,
Offrirai aux abysses le souffle de ma gorge
Et le froid animé de ce néant mouvant
Gravera sur ma peau l’épopée des courants
Que le temps, les tempêtes et les séismes forgent ;
Je gravirai l’aînée des montagnes de feu,
M’élancerai d’un saut au centre du cratère,
Et mes os libérés par l’afflux capiteux
Comprendront l’utopie du magma sirupeux
Tandis que la lumière consumera mes chairs ;
Et forte des savoirs de trois des éléments
Enlaçant l’atmosphère aussitôt franchissable
J’enfourcherai le galbe impalpable du vent
Et bondirai d’un trait jusqu’à ton continent
Pour grouper à nouveau nos cœurs indissociables.