Author: Soune

Tout ce que j’ai à moi et pourrais lui donner,
Il l’a déjà goûté chez bien d’autres que moi ;
Il ne peut rien avoir quand il est dans mes bras 
Qu’il n’ait déjà connu, sans plus de volupté,
D’originalité.

Je peux bien l’embrasser, lui dire qu’il est beau,
Me blottir contre lui quand il plonge en ses rêves,
Préparer à manger et l’écouter sans trêve,
Il n’y a rien en moi qui me sorte du lot,
Jamais rien de nouveau.

Entre tous nos silences, nos ébats hasardeux,
La jalousie commune qui infecte nos vies,
Et mes crises de larmes jusque même en son lit,
Pourquoi donc aujourd’hui se trouve-t-il amoureux
De mes charmes douteux ?

Un an déjà d’amour,
De caresses et de larmes,
De baisers et d’alarmes ;
Le temps m’a paru court.

Entre ces murs de roc, nous sommes rassemblés,
Les paupières gonflées et le regard humide ;
Le chagrin sur nos fronts a étendu ses rides
Depuis que Jean nous a subitement quittés.

Pleurant sans le montrer ma peine et mes remords
J’essaie de retrouver les traits du disparu,
J’évoque son amour du badinage abstrus,
Assise près des planches où repose son corps.

Il n’y a que deux mois, il était entre nous
Dans ce même édifice où gîte son cadavre
Nous chantions l’amour et son trépas nous navre
Il fait beau et la pluie ruisselle sur mes joues.

Adieu mon oncle, alors ! J’abhorre la confiance
Naïve que j’avais en ta longévité,
Qui m’a conduite à taire combien je t’ai aimé,
Et dans l’église en deuil, je maudis mon silence.

Vingt-six ans, ma princesse
Que tu es arrivée,
Ange réincarné,
Amande de déesse !

Joyeux anniversaire,
Petit poussin joli,
Puce que je chéris,
Dont le sourire m’éclaire !

J’ai hâte, beau trésor,
D’entendre rire ta voix,
De t’avoir à mon bras,
Et de te voir encore.

Il y a certains jours
Où la gaieté s’éteint ;
L’amitié, l’amour,
Le soleil alentour,
N’y peuvent vraiment rien.

La peine est dans mon coeur :
C’est un de ces jours-là
– Océans de douleur
Qui voient couler mes pleurs –
Et je sais bien pourquoi.

On m’a promis des fées et des arbres parlants,
Des fontaines de vie et des portes qui grincent
Et débouchent en un monde de joyaux vivants ;
On m’a promis un prince.

Le vent m’a caressée, tout empli de tendresse
J’ai joué avec les fils des génies des cours d’eau,
J’ai combattu des ogres et sauvé des princesses
Sur des signes astraux,

J’ai dormi chez les elfes, respiré l’océan,
Couru dans la rosée à la nouvelle lune,
J’ai appris à attendre les revers des méchants
Et j’ai dompté les dunes !

J’ai marché sur les nues, chevauché des baleines,
Côtoyé des centaures, bercé des revenants,
Bu les perles des gemmes qui éclosent en chaîne
En dessous des volcans,

Les dryades et leurs soeurs qui vivent aux ruisseaux
M’ont chanté les secrets des galets et des feuilles,
Les géants disparus m’ont portée sur leur dos
Où sifflait le bouvreuil.

J’ai cru en la bonté et en la prescience
En l’abnégation et puis en la magie,
Je n’imaginais pas vieillir dans la défiance ;
Ici n’est pas ma vie.

Il fut un temps où toi, Citadin, tu m’aimais :
Cachée entre tes bras, le monde était parfait ;
Chanteur à la voix d’ange au rang d’homme déchu
Tu m’as juré un jour de ne partir jamais

Mais le temps a passé et ces jours ne sont plus.

Je croyais ton amour éternel et ardent
Quand tu me le jurais en tant de doux serments
– Furent-ils vraiment un jour présent en ton esprit ?
Tes sentiments brûlants n’ont duré qu’un instant

Vois, ces jours ne sont plus et ce bonheur a fui.

J’ai pleuré bien longtemps, accablée de chagrin,
Tandis que grandissait ton insultant dédain
Rêvant à chaque instant de tes baisers encore
Mais les larmes ont séché à mes lèvres carmin

Et la douleur a fui car notre amour est mort.

Ah l’idée bidonnante
Pour les voir au retour,
Après deux ou trois jour,
Les paupières luisantes
La gorge comme un four !

À la SNCF
C’est l’illumination :
La climatisation !
Et qu’ils ont derechef
Mise en application.

Tremblez donc voyageurs
Et pleurez votre nez,
Vos poumons abîmés,
Votre gorge en douleur
Et vos yeux tuméfiés !

Triste poupée de cire, quand des larmes de feu
Transpercent tes paupières et font couler ton corps
En hurlant ta souffrance tu implores la mort
Et sombre enfin transie dans un sommeil anxieux.

La nuit est achevée, ton corps est réparé
Mais ton âme et tes yeux clament encore la brûlure
Et ton pauvre sourire est une pauvre armure
Contre tous les tourments qui viennent t’assiéger.

Tu maquilles tes joues dont le rose est parti
Respire à la fenêtre et refoule tes larmes :
Quand finiront enfin ces futiles alarmes,
Pourquoi les jours de joie à jamais on-t-ils fui ?

La vie peut être belle mais ton cerveau perclus,
Ton esprit liquéfié des braises qui le hantent,
Ne sait plus balayer les pensées accablantes ;
Ton chagrin incessant ne te quittera plus.

Les minutes expirent lentement ;
L’atmosphère étouffante grouille
Des légions de leurs dépouilles
Qui fondent inextricablement.

Les mots qui naissent dans la salle
Épuisés par tant de doublons
Trépassent, déjà moribonds,
Broyés dans un discours bancal.

Et leurs cadavres enlacés
Se multiplient, irrésistibles,
Et paralysent intangibles
Le cours brumeux de mes pensées.