Author: Soune

« Viens donc, ma douce aimée, dans l’air tendre du soir
Marcher à mes côtés sur les sentiers discrets
Et par des mots troublés, réveillons nos mémoires
Tandis qu’autour de nous, se déploient pleins de gloire
La clématite et l’ancolie en lourds bouquets.

« Nous errerons sans bruit en admirant l’euphorbe,
Tes doigts blancs caressant une branche de buis,
Effleurant le fragon et dédaignant les sorbes
Alors que dans les cieux l’astre suivant son orbe
Échauffera l’actée voilée par les taillis.

« Nos pas nous porteront près des rameaux de canche
Quand de la lauréole nous suivrons le parfum
Et je dégagerai ton domino des branches
Des sabines arides alors qu’en avalanche
Les grappes de cytise couleront de ta main.

« Et pendant qu’allongée sur un lit de pétales,
Ta robe parsemée d’un muguet odorant,
Tu mêleras ton souffle aux brises vespérales,
J’irai cueillir pour toi des fleurs de digitale,
Des gerbes de jusquiame et d’ellébore blanc. »

Je vais bientôt te retrouver,
Sublime petite princesse !
Jolie choupinette adorée,
Merveille de délicatesse !

J’ai hâte d’enfin te revoir :
Sans toi, tu sais, le temps est long !
Tu as beau vivre en ma mémoire,
Ancrée dans les replis profonds,

J’aime autant t’avoir à mon bras,
Admirer ton sourire craquant,
Entendre ton rire et ta voix
Qui me font l’esprit tout content !

Je viens te rejoindre, mon ange !
Et je veux d’un cœur réjoui
Fouler en chantant tes louanges
Les sentiers de ton beau pays.

Poisson, et Grégory,
Je vous souhaite en ce jour
Du bonheur pour la vie,
Pour toujours de l’amour !
 
Et me voilà ravie
De pouvoir rencontrer
L’homme qu’une chère amie
A choisi pour moitié !
 
J’espère bientôt connaître
Beaucoup mieux Grégory
Et votre enfant à naître,
 
Pouvoir encore marquer,
Solénichou chérie,
Ma profonde amitié.

Des flammes ont dévoré ton corps
Ainsi que tu l’as désiré
Alors que tes proches éplorés
Se trouvaient face à leurs remords.

Nous aurions dû plus te montrer
L’amour envers toi ressenti
Pendant que tu étais en vie :
Voilà ce que c’est d’espérer

Que ton énergie formidable
En fin de compte dompterait
Une maladie implacable.

Tu me manques, Roland, adieu !
Tu as quitté à tout jamais
Notre famille de cancéreux.

J‘aimerais retirer
Mes petites chaussures,
Mettre des gros souliers,
Marcher dans la nature
Et enfin respirer.

Quand le soleil rasant
Fait s’enfuir avec peine
Le brouillard dans les champs,
Les gouttes sur les chênes
Et la rosée des plaines,

Là, sous l’appel des bois
Et le chant des clairières,
Se réveillent en moi
Des désirs de lumière
Que je n’exaucerai pas.

« Petite fille, que fais tu donc
À marcher vers la tour en ruine
Où reviennent et tremblent, dit-on,
Les morts aux robes purpurines?

Que vas-tu faire quand dans le soir
Tu t’en vas seule à travers champs,
Narguant les rus et les bétoires,
Au royaume des chats-huants? »

« Je m’en vais seule dans la brume
Du hibou recueillir le chant
Et m’emplir les yeux sous la lune
De la danse des revenants. »

Mordue par un caméléon
Je prends peu à peu la couleur,
Sans hâte et par demi-tons,
De ma chambre dans la fraîcheur.
 
Ma peau devient du blanc des murs
Tandis que mes lèvres bleuies,
Mes mains plombées, mes ongles azur,
Au sol et au lit se marient.

Comme le soir survient serein
Dans les bois muets et dénudés
La neige cesse de tomber
Et fuit son entêtant refrain ;

Les derniers rayons égarés
Sur la neige se réverbèrent,
Flattent les ramures austères,
Scintillent sur les troncs gelés.

La forêt n’a plus de couleurs
Les troncs et les branches râpés
Sont noirs et le sol, les sentiers,
Sont sous la neige et sa blancheur,

Les stères apparaissent grisées :
Les teintes appartiennent au ciel
Du bleu radieux au rose pastel,
Quand la nuit se met à tomber.

Je voudrais visiter les volcans Auvergnats !
Marcher jusqu’aux cratères, dans les bois et les prés,
Savoir que sous la terre que rencontrent mes doigts
De la lave repose qui naguère a coulé !

Admirer la verdure, célébrer les courbures,
Des os de mon pays qui un instant plus tôt
Frémissants, déployaient leur complète stature
Et vomissaient des rocs par leurs puissants boyaux !

L’air y est doux, je crois, au centre de la France,
Et l’idée me séduit d’explorer ces régions,
M’allonger un instant, sombrer dans l’inconscience,
Tandis que sur ma peau bruit le chant des grillons.

Joyeux anniversaire, Princesse :
Femme aux formes ensorcelantes,
Au visage d’adolescente
Qui galvanise ma liesse !

Les années fuient sans te changer ;
Tu es toujours belle et radieuse,
Admirée de tous et heureuse
– Et toujours ma soeur adorée –