Dans la nuit glaciale, de la brune à l’aurore,
Il contemple, muet, l’horizon étoilé,
Les constellations paresseuses éclore
Ou les jeux de lumière sur la neige moirée
Comme passe la lune aux sommets acérés.
Il s’élance parfois depuis les hautes cimes
Et se laisse planer au-dessus des forêts ;
Les bourrasques gelées qui montent de l’abîme
Plaquent contre sa peau son costume de jais
Et ces perturbations le distraient et l’égaient.
Il savoure le chant du vent dans les pinèdes,
Inspire avec bonheur les parfums résineux,
Admire, fier et béat, ce pays qu’il possède,
Magnifique et sauvage, grandiose et silencieux,
Qu’il domine bien plus qu’un monarque ou qu’un dieu.
Enfin, comblé d’avoir contrôlé ses trésors,
Dans l’heure précédant le déclin de la nuit
Il s’en va souriant faire régner la mort,
Dans l’infortuné bourg qui a été choisi,
Et se repaît de sang, de douleur et de cris.