Voyant les Prophétides, leur stupre colossal,
Et révolté devant tant de dépravation,
Il décida de fuir leur débauche abyssale
En évoquant dans l’os une femme idéale ;
C’est ainsi que naquit l’œuvre de Pygmalion.

Des mois, avec ardeur, il mania le ciseau :
L’ivoire à son contact évoluait, gracile,
Sa gouge élaborait des membres sans défauts,
Ses doigts calleux frôlaient et égrisaient la peau
Tout en couvrant l’idole de larmes délébiles.

Lorsqu’enfin, fourbu par une nuit de labeur
Il tomba à genoux devant sa création,
Le souffle lui manqua en voyant la splendeur
Créée par ses travaux et il versa des pleurs
De voir inanimées tant de perfections.

Mais Junon qui passait, émue de son chagrin,
Accorda au sculpteur d’éveiller sa maîtresse :
Il embrassa – après qu’elle le lui eût enjoint –
Le front délicieux engendré par ses mains
Et Galatée ouvrit des yeux pleins de tendresse.