Toute petite, je pensais
Que lorsque j’aurai vingt-neuf ans
J’aurais un mari, des enfants :
Sans trouble, je m’imaginais
Etre déjà deux fois maman,
Choyer les fruits de mes amours
Près de l’objet de ma tendresse :
Je me voyais pleine de liesse
Savourer chacun de mes jours,
Jouir de mes nuits avec ivresse ;
Avoir un travail raisonnable
Et que je saurais maîtriser
Chez un employeur estimé
Pour un salaire convenable
Qui enrichirait mon foyer.
Je ne me visualisais pas,
Vivre chez mes parents encore,
Travailler gaie comme la mort
Au sein du service compta
D’une boîte d’escrocs retors.
Tant pis ! J’ai mon appartement,
Rien qu’à moi et tout en chantier,
Qui sait constamment m’occuper
Et deviendra épatant
Au cours de ma trentième année.