J’ai cru, à une époque, que je pouvais l’aider,
J’ai cru que ses blessures, son chagrin, sa douleur,
Allaient être amoindries par mon aimante ardeur,
Et qu’il serait heureux de me voir tant l’aimer.
De ce naïf espoir, il m’a vite détrompée
Accablé de tourments, il ne supportait plus
Près de lui la présence d’aucun individu :
De lui rendre sa solitude, il m’a priée.
J’aurais tout fait pour lui, alors je suis partie
– Puisque le seul bienfait que je pouvais donner
A l’homme que j’aimais était de m’éloigner –
Mon bonheur dans la tombe déjà enseveli.
J’aurais tout fait pour lui, mais lui ne voulait rien
D’abord à ses côtés puis loin, si loin, chez moi,
Impuissante, je voyais grandir son désarroi,
Et mourir son amour, déjà sur le déclin.
Il voulait être seul et j’étais désarmée
Devant la double mort qui s’offrait à mes yeux
Les morts de son amour et son sourire radieux.
Il voulait être seul et un jour m’a quittée.
Mes pleurs n’ont rien changé et j’étais impuissante
Mais il était si tendre : j’ai cru à son retour
Je n’ai pas voulu voir la mort de notre amour
Et je l’ai attendu, amoureuse et patiente.
Il aime, embrasse, une autre fille aujourd’hui
Et je reste, brisée, et n’y pouvant rien faire
Impuissante toujours, désormais comme naguère,
Pleurant, désespérée, alors que lui m’oublie.