Quand on a tué quelqu’un, quand on a pris une vie
Peut-on rester soi-même en appelant l’oubli ?
Ou bien pleure-t-on chaque minute, chaque seconde,
De se sentir souillé par ce forfait immonde ?
Moi je connais un homme, qui fut jeune jadis ;
On le fit militaire ; on l’envoya au front
Frapper et tuer sous les rafales dévastatrices
Des soldats inconnus qui gardaient leur nation.
Il en est revenu vivant – et silencieux.
Mais son regard jamais plus n’a croisé de glace
Et jamais plus n’a regardé les siens en face
De peur d’apercevoir son reflet dans leurs yeux.