Je fréquente des hommes, les frôle, leur souris
Et me sens bien près d’eux, car ce sont mes amis ;
Pourtant, certains d’entre eux éprouvent à mon égard
Des sentiments plus forts qu’ils ne devraient avoir.
Ils m’appellent, viennent me voir, brisent ma solitude
Et je dois être gaie, cacher ma lassitude
Faire semblant d’ignorer l’envie qui les enfièvre ;
Ils désirent ma peau, ils désirent mes lèvres
Aspirent à mes caresses et convoitent mon corps
Leur caprice passager leur fait croire qu’ils m’adorent,
La libido enflamme leur imagination
Qui un béguin banal déguise en passion.
Je ne veux qu’être seule, je l’ai enfin compris
Pour panser dans le calme mes sentiments meurtris
Vivre comme je l’entends, suivre mes volontés
Découvrir mes ressources, ma force, mes facultés,
Guérir tout doucement en m’apprenant moi-même,
Me consacrer un peu à mes propres problèmes,
Seule, enfin, pour un temps utile à mon repos,
Sans peines inextricables où me noient mes sanglots ;
Un temps mal défini – un mois, un jour, un an ?
Durant lequel se comblerait l’abîme béant
Qui s’est creusé en moi et qui m’a déchirée
Me rendant aujourd’hui incapable d’aimer.
Mais on m’a embrassée, je suis désemparée.
Je lui ai dit pourtant, pour le décourager,
Qu’être célibataire en l’instant me plaisait ;
Il en est resté sombre, déconfit, stupéfait.
Cela n’a fait, hélas, que le freiner un peu,
Puis il m’a enlacée, se croyant amoureux.
Oh, il sent bon, il est gentil et délicat,
Il a un beau sourire – je crois qu’il tient à moi ;
Je ne l’ai pas chassé par peur de faire souffrir
Mais près de lui, j’étouffe, j’ai peur pour l’avenir.
J’avais besoin de temps et il me l’a volé
Aussi, je n’ai pas de cœur pour pouvoir l’aimer.