J’ai celé en mon sang un tout petit secret
Et il coule à présent à jamais dans mes veines,
Plus il s’épanche en moi et plus j’ai de la peine ;
Je le soigne et le choie – tendre chagrin discret.
Je le sens qui s’élance, bondit dans mes artères,
Et, nourri de ma vie, croît et se multiplie,
Respire dans mon cœur et puis, quittant ce nid,
Transperce mes tissus pour infecter la chair.
Il provoque mes plaintes, se nourrit de mon deuil,
Et mes larmes amères l’abreuvent jour après jour ;
Mon sein s’est fait pour lui un délicat séjour :
À la fois douce couche et douloureux cercueil.