Je le ressens toujours dans un coin de mon cœur
Ce souvenir stérile, ce remord obsédant
Parfois, il se dévoile, intensément violent,
Et je m’effondre de douleur.
– Il a roulé de nuit, répondant à l’appel
De mes pleurs déchirants, de ma voix dévastée
Avec l’idée que le sentir à mes côtés
Rendrait ma peine moins cruelle ;
Je tremble dans ses bras, suffoquée de détresse
Prostrée de désespoir, captive en mon esprit,
Sidérée, tandis que l’homme que j’ai trahi
Murmure des mots de tendresse –
Je devrais parvenir à mieux le maîtriser
Mais mon chagrin se fait d’autant plus désolant
De porter toute seule depuis dix-huit ans
Le deuil du bébé que j’ai tué.