Ce soir les enfants jouent, déguisés en sorciers,
En bêtes et en monstres, en revenants putrides,
Et sonnant aux maisons ouvrent des yeux candides
Dans l’espoir de remplir de bonbons leur panier.
Ce soir les animaux restent quiets dans leur gite :
Le calme est de rigueur, la veillée du Samain
Pour qui sait percevoir le caverneux refrain
Qui du cœur de la terre s’envole au satellite ;
Ce soir la lune éclaire de son premier quartier
Les flux délibérés des brumes automnales
Qui paraissent mimer d’immenses bacchanales
Dans lesquelles la contrée est peu à peu liée.
Ce soir, le vent caresse les portes d’autres mondes :
Les dieux et les morts reparaissent, aériens,
Et les arbres et les rocs sont les muets témoins
De leurs sombres parades et surprenantes rondes.