Au pied de l’arc en ciel,
La lumière est gelée,
Le sol semble irréel :
Le cerf ou l’hirondelle
Craignent d’y avancer.

On prétend qu’un trésor
Amassé par les nains,
Fait de montagnes d’or
Que des rubis colorent,
Y attend, souterrain.

Je suis entrée, timide,
Dans les rais cristallins
Et un pays splendide
A l’air vif et limpide
M’a entourée soudain.

Ici, les arbres chantent,
Dansent sous les nuées,
Les gemmes sont vivantes,
La brise est nourrissante,
Chacun est rassasié.

Le temps s’écoule en rondes,
En aimables propos ;
Lorsque l’orage gronde,
Dans les grottes profondes
L’on peut trouver repos

Ou admirer en liesse
Les traits prodigieux
De l’astre qui paressent
Et, diffractés sans cesse,
Relient la terre aux cieux.