Face au caveau brûlant, je me revois, petite,
Allongée et sereine, les yeux presque fermés
Quand je m’imaginais être en sécurité
Sur ma couche d’ophite ;
Tout près des restes froids d’un grand père inconnu
J’envisageais sa voix, je supposais ses gestes,
Et je versais des larmes sur le moment funeste
Où il a disparu ;
Je le pensais présent et qui veillait sur moi
Je faisais des bouquets de tendres mots d’amour
Et je les lui soufflais dans le ciel alentour
Puisque j’avais la foi ;
Mais jusqu’entre les grilles du fief des trépassés
Qui séparent la mort des vivants qui l’exilent,
Où je croyais devoir toujours trouver asile,
J’ai été pourchassée.
Devant les os séchés de mon aïeul absent
Aujourd’hui je reviens et m’incline songeuse
Je ne suis plus sereine mais reste soucieuse
Face au caveau brûlant.