Elle était jeune et belle, les mains pleines de sang,
La faim d’égalité rongeait son cœur ardent ;
Exaltée et terrible, son désir de justice
Envoya en un an des foules au supplice
Qui n’avaient succombé à son buste troublant.

Nulle femme ne fut tant qu’elle courtisée
Ses amoureux étaient forts et déterminés
Certains idolâtraient ses formes et son essence
D’autres en la louangeant poursuivaient la puissance
De dominer Marianne par le peuple adulée

Elle fut manipulée, adorée ou trahie
Par les hommes à qui tour à tour elle s’offrit ;
Tantôt avec leur aide, tantôt malgré ses chaînes,
Elle tendit à ses fils le meilleur d’elle-même
Et la déclaration des droits de l’homme naquit.

Trois siècles ont passé et gelé sa vigueur :
Des hommes de pouvoir, hypocrites trompeurs,
Tordent son corps brisé, se clament ses amants,
Et l’accablent d’opprobre aux yeux de ses enfants
Tandis que dans sa geôle elle geint de douleur.