Les bords de Loire sont parsemés d’étroits sentiers
Qui apaisent mon esprit comme un baume enchanté :
Au dessus de ma tête, la flore forme un berceau
Qui me cache aux regards ainsi un vert rideau ;
L’air léger est empli de diverses senteurs
Qui me grisent de leur enivrante fraîcheur.
Plus aucun bruit ne blesse mon ouïe endolorie
Que le murmure de l’eau, de tendres gazouillis.
En quelques lieux l’herbe et la mousse se font plus rares
Laissant lors apparaître des dalles, des remparts,
Des soupiraux obscurs et des berges pavées
Majestueuses reliques d’une grandeur passée…
Car le temps comme l’eau, coulant, ont englouti
L’œuvre humaine sous les végétaux épanouis.
Indifférent aux siècles qui transforment ses rives,
Le fleuve, inexorable, poursuit sa course vive ;
Dans un lit si tant vaste que son cours paraît lent,
La Loire s’offre aux yeux en miroir frissonnant ;
Les arbres qui la bordent se reflètent dans l’onde
Ainsi que du soleil la course vagabonde.
Au fil de ses méandres se lovent ou bien paressent
Des îles, des tourbillons aux impulsions traîtresses,
Qui font naître les vagues et maintiennent vivants
Des flots qui modifient leur lit continuellement :
Ce sont ces mutations par elles-mêmes engendrées
Qui transforment un cours d’eau en un être animé.
Nageant près de la berge redevenue sauvage,
Protégé par le fleuve et l’ombre des feuillages,
Un cygne se prélasse, semi dissimulé
Par des taillis fournis aux branches embaumées.