J’aimerais bien penser que ton âme évanouie
Affranchie aujourd’hui des marques du grand âge
Aussitôt libérée a été accueillie
Par l’homme de ta vie sur ce nouveau rivage.

Je voudrais pouvoir dire vos belles retrouvailles :
La joie renouvelée, enfin, de profiter
L’un de l’autre comme au temps de vos épousailles,
Estompant les trente ans qui vous ont séparés.

Rêver ton petit Claude, te tenant par la main
T’emmenant visiter les lieux qui t’étaient chers
Où fleurissent, éternels, vos souvenirs communs
Affranchis des contraintes de la matière ;

Et vous imaginer marcher dans Jubéo
Parcourir, souriants, les sentes ombragées
Entrecoupées de frais et mélodieux ruisseau
Qui conduisent jusqu’au murs de Saint Lagier,

Retrouver le château, vous baigner dans le Channe,
Retourner à Cachan, arpenter Lyon encore
Charmés, redécouvrir – insaisissables mânes –
De vos amours d’antan les émouvants décors ;

Parfois, vous arrêter pour observer, aimants,
Ceux qui pensent à vous, le gosier plein de pleurs,
Et souffler sur les joues de vos quatre enfants
Des baisers dans lesquels vous placez votre cœur.

Ces tendres fantaisies, j’aimerais bien y croire,
Mais non ; tu es partie, et je dois désormais
Mamy, me résigner à ne pas te revoir :
Ce matin tu nous as quittés à tout jamais.