Dans l’hiver qui s’installe, tu as froid en silence
À tes vaisseaux muets, rien ne circule plus
Tu représente et personnifie l’indigence :
Dépourvue de tout bien et complètement nue.

Lorsque je t’ai connue, ta peau était marquée
De lambeaux de tenues déchirées, disparates
Qui ont laissé paraître, une fois soulevées
De blessures passées les nombreuses stigmates.

Tu étais trop chargée pour ta fine charpente :
Tant d’habits et de fards pour un corps asphyxié,
Tant de bijoux épais, de chaussures pesantes,
Ont su t’exténuer, année après année !

Mais ces temps ont passé : si tu es dépouillée,
C’est pour mieux réparer les lésions de ton derme
Et panser les blessures qui parsèment tes pieds ;
Tes tourments, je le veux, parviennent à leur terme.

Ta peau, neuve, sera légèrement vêtue
D’un voile lumineux, sobre, moelleux et chaud,
Quelques œuvres orneront tes charmes ingénus,
Tes orteils s’ébattront dans de douillets sabots.

Tes tuyaux rutilants, splendides au naturel,
Laisseront s’élancer les eaux brulantes, enfin,
Qui chaufferont tes pièces, saines autant que belles
Et je m’installerai, soulagée, en ton sein.